Visite guidée en trois temps, en novembre 1923


Un rédacteur de La Renaissance alsacienne a eu l'honneur d'une visite guidée en trois temps des établissements de la SAEM Pechelbronn : les sondages-pompages des environs de Hoelschloch, le puits à chevalement Clemenceau et la raffinerie.
Son compte rendu, paru en novembre 1923, avait vocation à être étudié dans les écoles. Il décrit un système de forage Fauvelle.... Tout de suite après Haguenau, la ligne de chemin de fer entre dans la forêt. Bientôt, nous apercevons au milieu
des arbres les pompes, dont les balanciers de bois s'élèvent et s'abaissent alternativement.
Voici une sorte de cabane en forme de haute pyramide, à l'intérieur de laquelle nous distinguons quelques ouvriers... Puis c'est Hoelschloch. Nous descendons et nous nous dirigeons vers Merkwiller.
Notre guide nous conduit d'abord auprès d'une pompe en activité. Voici un réservoir où s'accumule le pétrole brut. Par le tube d'arrivée sort parfois un peu d'eau salée. On nous montre le tuyau qui emmène le pétrole vers la raffinerie.
Plus de 150 km de ces tuyaux (baptisés pipelines, à l'américaine) sont ainsi cachés dans le sol de la région.
Un peu plus loin, nous assistons au travail des ouvriers creusant un forage. Une machine à vapeur soulève un lourd « mouton », qui frappe sans arrêt sur une tige d'acier à l'extrémité de laquelle se trouve le « trépan ».
Près du hangar abritant machines et ouvriers se trouvent les tubes d'acier, qui permettent d'installer la pompe, si le sondage rencontre le sable pétrolifère.
Nous arrivons au puits Clémenceau. Voici le chevalement qui supporte les poulies sur lesquelles s'enroule le câble à l'extrémité duquel sont les cages de descentes. Justement, quelques ouvriers remontent.
Ils viennent de passer six heures dans la mine. Ils tiennent à la main la lourde lampe électrique, qui leur permet de travailler, mais sans aucun danger d'incendie ou d'explosion.
Une deuxième cage remonte des petits wagons, des berlines, remplies de sable jaunâtre : c'est le sable pétrolifère. On le dirige vers une petite colline de ce même sable, au pied de laquelle « suinte » le liquide précieux, recueilli dans de vastes réservoirs.
Nous entrons dans la salle des treuils, où viennent s'enrouler sur de gros tambours les câbles d'acier. Le machiniste, tout entier à sa tâche, surveille des aiguilles qui se déplacent sur des cadrans et lui disent la vitesse de descente des cages, leur position
dans le puits... Une sonnerie lui indique les manoeuvres à faire... Un peu plus loin, nous entrons dans la salle des ventilateurs, qui envoient dans les galeries l'air frais nécessaire aux mineurs.
Nous nous dirigeons maintenant vers la raffinerie. Partout, nous lisons l'impérieux « Défense absolue de fumer ». Un incendie pourrait, en effet, avoir des conséquences terribles.
L'odeur de pétrole et d'essence nous suit partout. Des robinets laissent couler des liquides tous différents : voici l'essence légère absolument incolore. Une goutte que nous laissons tomber sur notre doigt s'évapore immédiatement et produit une sensation
de froid. A côté, c'est le pétrole légèrement bleuté. Plus loin, ce sont les huiles rougeâtres qui serviront au graissage des machines. La salle des filtres-presses nous arrête un long moment : c'est là que se fabriquent les gâteaux de paraffine, dont l'industrie électrique fait une grande consommation.
Sous un grand hangar sont rangés de gros blocs de brai noir qui ont gardé la forme des moules dans lesquels on les a coulés. De nombreux ouvriers installent de nouvelles machines, de nouveaux appareils qui permettent d'améliorer encore la quantité et la
qualité des produits tirés du liquide noir venu des profondeur du sous-sol.
En sortant de l'usine, nous apercevons un lavoir public. L'eau qui l'alimente vient d'une source chaude. Pays curieux, aux richesses si variées et où l'activité humaine ne le cède en rien à celle de la nature.
La renaissance alsacienne, n° 6 et 7, 10 et 17 novembre 1923.